L'histoire de la pratique
du football à Jœuf s'inscrit évidemment dans le cadre plus général
de l'apparition du ballon rond en France. De façon modeste, elle témoigne
du contexte particulier qui voit le développement progressif du football-association
au début du XX° siècle.
En Lorraine, le football
fait une apparition timide vers 1895 : des étudiants nancéiens se
retrouvent régulièrement sur la place de la Carrière, pour
y disputer des parties de "balle au pied"… Au tout
début du nouveau siècle, tandis que les responsables des œuvres de
jeunesse catholiques "se lancent" sur le terrain
du sport, à Jœuf, le patronage paroissial se borne à la pratique de
la musique, de la gymnastique et de l'escrime. Comme dans la plupart
des patronages en Lorraine demeurée française, dans le fief très patriotique
de MM. De Wendel, le ballon rond tarde à faire son apparition !
C'est vers 1909/1910 que
commence l'histoire du football à Jœuf, une histoire originale et
exemplaire, s'inscrivant à la fois dans l'histoire générale du pays
et dans l'histoire particulière d'une cité industrielle façonnée par
les maîtres de forges de la famille Wendel…
Épousant l'essor de la
cité et de ses activités économiques, l'histoire du football accompagne
l'histoire sociale et culturelle des Joviciens. Façonnée par quelques
hommes passionnés, très naturellement, cette histoire connaît des
périodes héroïques et des heures sombres, des saisons modestes et
des moments glorieux ! Reconstituées après une année de recherches,
ces diverses phases ont guidé notre choix pour arrêter le découpage
chronologique du siècle écoulé.
Fac-similés de la
page de garde et de la page titre "1ère partie".
Le chapitre
1 évoque donc les débuts du football en Lorraine et à Jœuf, le
temps des patronages à la Belle Époque. Il présente les pionniers
joviciens du ballon rond, les jeunes gens de la Légion de Franchepré
et de la Section Pierre de Bar.
Fac-similés de la
page "chapitre 1" et d'un exemple de page.
Fac-similés des pages
36 et 37.
Fac-similés des pages
41 et 53.
Après le
coup d'arrêt de la Grande Guerre et la disparition de la pratique
du football jusqu'à l'Armistice, le chapitre 2 débute par la
lente et difficile reprise du ballon rond dans le courant de l'année
1919, après le coup d'arrêt de la Grande Guerre et la disparition
de la pratique du football imposée par l'occupant en 1916. Les deux
patronages joviciens redémarrent progressivement l'ensemble de leurs
activités sportives -et notamment le football-, avec des garçons devenus
adultes.
Tandis
qu'en avril 1919, le football français entre dans une ère nouvelle,
avec la création de la Fédération Française de Football Association,
en Lorraine, l'unité est plus délicate et plus tardive. La Ligue
de Lorraine de Football Association voit le jour en août 1920.
Dès l'été 1919, la Section Pierre de Bar dispute deux matchs
amicaux contre les patronages des cités voisines. La Légion de
Franchepré ne reprend la compétition qu'en juin 1920. Cette année
1920 marque bien le renouveau du football dans la cité jovicienne.
Ayant manqué la première édition d'un championnat assez restreint
organisé par la Ligue, les deux clubs joviciens sont bien présents
dès la saison 1921/22 en le championnat de Deuxième Série. Ils connaissent
hélas un bilan très mitigé, les Pierre de Bar quittant même
la Ligue dès la fin de la saison.
Les premières
années de cette décennie Vingt ne sont pas très glorieuses.
On peut dire que le football jovicien manque complétement le train
de l'essor impulsé par la Ligue. À Génibois, l'apparition du football-rugby
(dès 1921) et du basket-ball (surtout à partir de 1925) viennent sérieusement
concurrencer le ballon rond au sein du patronage. Au cours de l'été
1923, à son tour, la Légion quitte la Ligue de Lorraine. Après une
année de léthargie, le ballon rond réapparaît sur la pelouse de Sainte-Anne.
Les deux patronages se sont "repliés" sur le championnat
-assez confidentiel- organisé par l'Union Drouot pour les patronages
de Meurthe-et-Moselle.
Tandis
que la Légion de Franchepré fait une apparition d'une année
avant de disparaître définitivement à l'automne 1925, la Section
Pierre de Bar y fait carrière pendant 4 saisons, remportant même
le trophée en avril 1926. Mais le vieillissement des anciens, les
difficultés de financer les déplacements sur Nancy et le cadre disciplinaire
strict proposé par le patronage constituent des handicaps pesants.
En 1928/29, la Pierre de Bar réintègre le championnat de la
Ligue, tout au bas de l'échelle et Troisième Série. Cette nouvelle
expérience s'avère catastrophique sur le plan des résultats : suspensions
de joueurs, forfaits et amendes et suspension du club ont raison de
la patience du curé directeur du patronage.
En mars
1929, au terme d'une saison cauchemardesque, le curé Dellwall considère
le football comme un sport dispendieux et peu efficace pour la formation
des jeunes. Il souhaite privilégier la gymnastique, la musique et
la préparation militaire. Cet arrêt marque la disparition provisoire
du football à Jœuf jusqu'à la fin d'année 1932. Alors que la pratique
du ballon rond fleurit et prospère dans toutes les cités environnantes,
elle aura évidemment bien du mal à rattraper le temps perdu au cours
de la décennie suivante.
Fac-similés de la
page "chapitre 2" et d'un exemple de page.
Fac-similés des pages
83 et 85.
Fac-similés des pages
106 et 114.
Le chapitre
3 redémarre donc avec la renaissance du football association
en décembre 1932, à l'initiative de Jules Jung et de
l'imprimeur Octave Marchal. Le curé Dellwall se résout
alors à relancer le ballon rond sur la pelouse de Ste-Anne,
sous les couleurs de la Pierre de Bar. Reprenant la compétition
en championnat de Lorraine, l'équipe fanion bagarre ferme pendant
six saisons pour sortir de la Troisième Division. Pour la saison
1936/37, les dirigeants font le choix de la jeunesse, en n'engageant
qu'une équipe juniors. Hélas, cela entraîne le
départ de plusieurs joueurs cadres vers les clubs voisins d'Homécourt
et de Moyeuvre.
La saison 1937/38 enregistre l'arrivée d'un nouvel entraîneur,
Jean Vecchio. Après un premier exercice de rodage, celui-ci
réussit à bâtir une équipe solide et performante.
La saison 38/39 est une rude bataille pour les "Pierre de Bar"
qui arrachent in extremis la première place de leur groupe.
En mai 1939, au terme de cette magnifique saison, dans son bulletin
paroissial, le chanoine Dellwall, directeur de la Section Pierre de
Bar, peut se féliciter du succès de ses joueurs, champions
de leur groupe de Troisième Série. Il se déclare
assuré de voir évoluer ses protégés en
2° Série, pour la saison 1939/40. Hélas ! avec une
quinzaine de groupes en 3° Série, la formule des barrages
est nécessaire et réglementaire. À la fin mai
1939, butant sur ce dernier obstacle, les hommes de J. Vecchio se
voient "condamnés" à évoluer une nouvelle
saison au dernier échelon du football lorrain.
Mais, la désillusion sera vite balayée par des événements
bien plus tragiques ! En Lorraine plus qu'ailleurs, les six années
de guerre vont redistribuer les cartes et bouleverser la hiérarchie
du football régional.
Fac-similés de la
page "chapitre 3"
Fac-similés des pages
144 et 145.
Fac-similés des pages
148 et 155.
Fac-similés des pages
161 et 172.
Chronologie : extraits des
années 1933 et 1936.
Fac-similés des pages
181 et 189.
Abordant
la période de la Seconde Guerre, le chapitre 4
évoque une nouvelle rupture dans la vie économique,
la vie sociale et culturelle de la ville. Tandis que de nombreux joueurs
sont mobilisés et que les championnats s'interrompent, la pratique
du football ne cesse pas totalement pendant la "Drôle
de guerre". Les matchs amicaux servent d'abord à divertir
les militaires cantonnés dans la ville de Juf ou les
cités voisines ; par prudence, la presse ne précise
pas les noms des régiments dont les soldats affrontent les
joueurs locaux à Ste-Anne. Puis, sur les conseils de la Ligue
de Lorraine, les clubs organisent des compétitions de proximité.
À Pâques 1940, il est envisagé de créer
un challenge de la vallée de l'Orne
Le projet est "ajourné"
sine die par les bombes allemandes qui s'abattent sur la région
le 10 mai 1940.
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Fac-similé
de la page "chapitre 4".
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Après
l'invasion du pays et l'armistice de juin 1940, la Lorraine se trouve
à nouveau coupée en deux par l'annexion de la Moselle.
La commune de Juf redevient frontalière avec l'Allemagne.
Au chaos succède le silence. La défaite a asséné
un coup mortel au football lorrain qui a bien du mal à repartir.
Dès le début d'année 1941, avec la promulgation
de la "Charte des Sports",le gouvernement de Vichy
entend mettre au pas les associations en chapeautant l'ensemble du
monde sportif et en imposant de nouvelles règles à la
pratique. En avril 1941, dans ce nouveau contexte, les deux patronages
de Juf doivent fusionner en une société omnisports
prenant la dénomination d'Association Sportive Jovicienne (plus
simplement appelée "La Jovicienne" pendant les années
de guerre et celles qui suivent. Un comité spécialisé
est alors constitué pour chaque section de l'association. MM.
Maurice Peltier, Jean Denis et Adam prennent conjointement la direction
du comité de football.
Le football survit donc sous Vichy et l'occupation. Mais, la pratique
sportive subit des contraintes imprévues et pesantes, surtout
en raison des moyens de déplacements rares et coûteux.
Au mois d'août 1941, les joueurs joviciens participent à
un championnat de Meurthe-Nord, compétition souvent entravée
par les problèmes de l'occupation. La seconde grande innovation
de cette année 1941 est la création par l'A.S. Jovicienne
d'une épreuve reprenant le principe du Challenge De Wendel,
et baptisée "Challenge Pierre-de-Bar". Au
cours des deux années suivantes, tandis que le club voisin
d'Homécourt brille au plus haut niveau des trois départements
lorrains encore français, l'histoire du football à Juf
n'est qu'une triste chronique des années sombres.
En juin 1944, il est grand temps que les Alliés sifflent la
fin des matchs d'une compétition folklorique mise en place
depuis une année par un pouvoir vichyste dictatorial qui vacille
et se dissout au cours de l'été. La vallée de
l'Orne est libérée en septembre 1944 et la pratique
sportive est à nouveau totalement entravée par les opérations
militaires. Il faut attendre plusieurs mois pour que Libération
rime avec Renaissance ! Les clubs sortent progressivement de l'ombre
et reprennent leurs activités sous l'égide de la Ligue
de Lorraine, dont les structures sont quasi complètement à
reconstruire.
Fac-similés des pages
197 et 200.
Fac-similés des pages
216 et 220.
Le chapitre
5 débute à la Libération de la région
et évoque le redémarrage progressif du ballon rond dans
la vallée de l'Orne. Tandis que les combats se poursuivent
encore pendant huit mois, le football reprend progressivement avec
les joueurs disponibles, avec l'organisation d'un modeste championnat
de proximité. À Juf, au printemps 1945, la section
football de l'A.S.J. semble être repartie sur de bons rails,
avec de nouveaux atouts : soutien de la direction des Forges et de
la municipalité, promesse de construction d'un nouveau stade,
notoriété plus affirmée avec la pérennisation
du challenge Pierre-de-Bar créé pendant la guerre et
transformé en coupe départementale par la Ligue de Lorraine.
En Lorraine
réunifiée, alors que la frontière créée
par l'occupant est définitivement effacée, on assiste
à la renaissance progressive de clubs et à la refondation
de la Ligue, placée face à un gigantesque chantier.
La saison 1945/46 se déroule sous la forme d'un championnat
transitoire permettant d'établir une nouvelle hiérarchie
des clubs. Grand brassage équitable, cette longue saison se
poursuit par des rencontres de barrage. Cette formule fournit au club
jovicien l'occasion de saisir sa chance. L'A.S.J. se hisse en Deuxième
Division dès la première saison et, sous la direction
de Louis Weimerskirch et Lucien Meyer, une équipe très
prometteuse accède au niveau supérieur l'année
suivante.Avec l'apparition de joueurs comme C. Dosdat et A. Platini,
pour la première fois de son histoire, le football jovicien
appartient à l'élite des 40 meilleures équipes
lorraines.
Malheureusement,
en raison d'un certain manque d'expérience et d'un effectif
trop limité, amoindrie par les départs ou les indisponibilités
des meilleurs éléments, l'A.S.J. ne reste que deux saisons
en Première Division. Après un forfait général
en milieu de saison 1948/49, échec sanctionné par la
descente du club, tout est à reconstruire. Un nouveau comité
prend en main la section football qui rompt alors avec "l'esprit
de patronage" hérité du passé. Cette
orientation nouvelle est symbolisée par le transfert du siège
de la section football au café Platini, rue de Franchepré.
Elle est surtout concrétisée par l'arrivée à
Juf d'un entraîneur expérimenté, Fernand
Colotte.
La "méthode
Colotte" fait rapidement ses preuves ! Fin technicien et
meneur d'hommes, le coach choisit Aldo Platini comme capitaine d'une
équipe qui manque d'un rien l'accession en Première
Division lors de la saison 1949/50. Transformé, pratiquant
"un jeu scientifique et de qualité", le onze
jovicien gravit ensuite deux échelons consécutifs. Les
joueurs joviciens se hissent en Promotion d'Honneur à l'issue
de la saison 1951/52, remportant au passage à deux reprises
le challenge Pierre-de-Bar dont la finale se dispute toujours sur
leur pelouse fétiche du stade Sainte-Anne.
Après
le départ de Colotte, devenu un vrai club formateur l'A.S.J.
vise la Division d'Honneur, sommet de l'élite régionale.
Progressivement, au sein des nouvelles générations,
apparaissent d'excellents joueurs, remarqués au niveau régional
et sélectionnés dans les équipes de jeunes. La
relève est de qualité, mais, il faut encore engranger
de l'expérience et de la stabilité ! Avec les passages
successifs de trois entraîneurs, quatre saisons et trois matchs
de barrage "historiques" en mai-juin 1956 sont encore
nécessaires pour franchir la dernière marche et hisser
les couleurs joviciennes au sommet de la hiérarchie lorraine.
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Fac-similé
de la page "chapitre 5".
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Fac-similés des pages
233 et 241.
Chronologie : extraits des
années 1946 et 1947.
Fac-similés des pages
245 et 259.
Fac-similés des pages
284 et 285.
Fac-similés des pages
296 et 301.
Fac-similés des pages
306 et 312.
Fac-similés des pages
323 et 334.
Fac-similés des pages
347 et 351.
Fac-similés des pages
358 et 362.
Le chapitre
6 relate les trois années au cours desquelles le club évolue
au plus haut niveau régional. Après la relégation
en Promotion d'honneur, Aldo Platini, capitaine du onze fanion, sélectionné
et capitaine de l'équipe de Lorraine prend en charge la direction
du club à partir de la saison 1959/60. Avec l'éclosion
d'une nouvelle génération de joueurs talentueux et un
heureux amalgame avec quelques anciens, il faudra six saisons pour
parvenir à retrouver la Division d'honneur.
Les six années suivantes enregistrent hélas un aller
et retour entre la Promotion et la D.H. Pendant ce temps les données
économiques de la ville et de la vallée de l'Orne évoluent
de façon défavorable. Le soutien des directions des
usines est remplacé par celui des municipalités.
Alors que de nouvelles et prestigieuses installations sont aménagées
au sommet de la butte de Ravenne, l'A.S.J. poursuit son rôle
formateur de jeunes joueurs. C'est notamment la révélation
de Michel Platini qui évolue pendant deux saisons dans le onze
fanion jovicien, avant de rejoindre des pelouses et des clubs à
la mesure de son immense talent.
Mais les déclins industriel et démographique ne sont
pas sans effet sur les résultats du club qui quitte la Promotion
en fin de saison 1973/74. Deux années plus tard, la glorieuse
A.S.J. disparaît définitivement, en intégrant
la nouvelle structure née de l'initiative de la municipalité
désormais seul soutien financier des associations sportives.
Commence alors une autre histoire moins "glorieuse" sous
les couleurs du C.S.M.J., puis du F.C.J. et enfin de l'E.S.J.
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Fac-similé
de la page "chapitre 6".
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Chronologie : extraits des
années 1956 et 1957.
Fac-similés des pages
364 et 375.
Fac-similés des pages
377 et 395.
Fac-similés des pages
412 et 413.
Chronologie : extraits des
années 1958 et 1959.
Fac-similés des pages
424 et 427.
Fac-similés des pages
433 et 441.
Chronologie : extraits des
années 1960 et 1962.
Fac-similés des pages
449 et 458.
Fac-similés des pages
475 et 481.
Chronologie : extraits des
années 1963, 1964 et 1965
|
Fac-similé
de la page "chapitre 7".
|
Fac-similés des pages
520 et 523.
Fac-similés des pages
525 et 531.
Fac-similés des pages
533 et 537.