Historique des noms des rues de JŒUF :

La rue de Ravenne, rue de la Corvée, rue de l'Abattoir

Descendant la rue de la Corvée, la routière de J. Martinand revient de la gare d'Homécourt-Jœuf où l'industriel expédie les engrais chimiques élaborés à l'usine de Ravenne.

De nouveaux quartiers agrandissent le village

L e 19 février 1906, Eugène Bastien invite ses collègues du conseil municipal à approuver les noms de 7 nouvelles rues. Outre la réalisation de prestige déjà évoquée (rue de l'Hôtel- de-Ville), la voirie du chef-lieu s'enrichit de trois nouvelles rues. Ainsi, " Le chemin vicinal n°2, depuis le pont jusqu'au moulin de Ravenne : Rue de Ravenne ". Depuis 1891, les seuls convois de Joseph Martinand empruntent cette voie de communication menant à l'antique moulin de Ravenne ; l'industriel a d'ailleurs élargi et exhaussé une chaussée que ses transports défoncent régulièrement. Ce trafic exceptionnel explique pourquoi, jusqu'au tournant du siècle, nulle habitation ne vient rompre le bel alignement des peupliers qui épouse le tracé de la rivière. François Gassaux, l'un des derniers agriculteurs et gros propriétaire terrien de la commune, donne le coup d'envoi en 1901 et fait édifier une maison de rapport, sur le côté droit du chemin. La famille Gircourt poursuit l'urbanisation de la rue en y construisant deux nouveaux immeubles, respectivement en 1907 et 1912. Toutefois, la rue de Ravenne attendra la fin de la Grande Guerre la reprise des constructions de logements par les Forges, pour voir son patrimoine bâti s'étoffer de façon notable. " Le chemin particulier de Martinand, situé entre les chemins vicinaux n° 2 et 3 : Rue de la Corvée". Au lieu-dit "la Corvée" , sur la plus vaste parcelle (A368) du ban communal (dont le nom illustre son appartenance au chapitre de la cathédrale de Metz jusqu'à la Révolution), le propriétaire du moulin de Ravenne a ouvert, en 1894, un chemin privé plus pratique, évitant la rampe d'accès de la rue du Pont trop difficile à gravir et trop dangereuse à dévaler pour les lourds transports de scories. Dès 1897, Antoine Mirguet fait construire les deux premières habitations bordant le chemin ; très vite, le côté gauche de la chaussée -en venant de Ravenne- est jalonné par une dizaine d'immeubles appartenant aux familles Mirguet, Barrière, Jullien et Jules Choisel. Il faut attendre la veille de la guerre pour l'édification des deux premières maisons sur le côté droit de la rue : maisons de Charles Veiler (1912) et d'Alphonse Sainte-Croix (1914). Cependant, si la rue est "baptisée" dès 1906, elle attendra 1926 avant d'intégrer la voirie communale pour le coût de 2500F. " De l'extrémité du pont de l'Orne à l'abattoir et au bois de Crombillon : Rue de l'Abattoir". A la du XIXe siècle, les conditions d'hygiène laissent à désirer dans la cité jovicienne, notamment pour les denrées alimentaires. Afin de supprimer les abattages d'animaux dans les habitations, pratiques jugées insalubres par les édiles municipaux, la construction d'un abattoir est décidée en 1900. Pour pallier la faiblesse chronique des ressources communales, les élus vendent à MM. De Wendel la totalité des terrains du "Haut de Viller" (butte de Ravenne) et financer une partie du projet. D'après les plans de Christophe Bouly, élu et entrepreneur, Alexis Gand démarre les travaux en août 1901 ; et, bien que les bâtisseurs extraient la pierre de taille dans la carrière surplombant le chantier, le coût final dépasse largement le devis initialement prévu. L'abattoir entre en activité en juillet 1902, les 5 bouchers et 8 charcutiers de Jœuf doivent obligatoirement utiliser les installations supervisées par M. Auguste Beugnet, vétérinaire de Conflans. L'abattoir ne reste pas longtemps isolé sur l'autre berge le l'Orne. Très vite, il est rejoint par une dizaine d'habitations et d'inévitables cafés : Café-Restaurant de l'Orne (accolé au pont), Café de l'abattoir ; Emile Parmentier, propriétaire du premier débit est autorisé à établir un jeu de quilles sur le terrain communal jouxtant l'abattoir. Plus insolites, trois immeubles cossus sortent de terre à l'orée de la forêt : au Crombillon, les maisons Berthélémy (négociant, Grand-Rue), Bergmann (directeur allemand du moulin à scories d'Homécourt) et surtout, en face du pont, la jolie villa Art Nouveau édifiée en 1904 par Edouard Haudidier (fabricant de savon). En 1911, près de 200 habitants résident dans le nouveau quartier…à peine moins qu'au village quarante années plus tôt !

 

Pont et rue de l'abattoir et au centre on remarque la jolie villa Art Nouveau édifiée en 1904 par Edouard Haudidier.

[Retour]


© C.P.H.J. - Août 2005