Tandis
que fourneaux, convertisseurs et cheminées sortent de terre
sur le canton de Franchepré, le chemin qui relie le village
à ce secteur demeure une sente étroite se faufilant
à travers champs. En novembre 1880, M. Eugène Mathieu,
directeur des forges, invite la commune à transformer ce chemin
campagnard en un chemin carrossable ; la maison De Wendel propose
de prendre en charge l'acquisition des terrains reiverains, nécessaires
à la construction. Malgré l'opposition de trois propriétaires,
cette voie directe vers l'usine est achevée en 1882 : elle
devient le chemin vicinal n°3.
Aussitôt,
le long de cette nouvelle rue, s'alignent des immeubles dont l'aspect
tranche singulièrement avec les bâtiments agricoles voisins.
Les promoteurs de cette extension urbaine sont surtout des commerçants
et artisans, originaires de Lorraine annexée ; transportant
leur famille et leur avoir par-delà la frontière, ces
néo-Joviciens entreprennent un nouveau départ sous l'égide
de la "Fée sidérurgie". Les Pastant,
Wayant, Trognon sont directement associés à la naissance
de la future "rue du Commerce".
Dans
la dernière décennie du XIXe siècle, les constructions
continuent à pousser sur le chemin n°3, en direction de
l'usine. Elles s'arrêtent au franchissement du ruisseau de Goprez
; toutefois quelques maisons esquissent la jonction future avec la
"Croix de Franchepré". Fait assez original,
la plupart des habitants de ces maisons neuves sont des employés
de l'usine qui quittent la cité de Génibois pour accèder
à la propriété. La délibération
municipale du 24 juin 1901 officialise le nom de la rue : le chemin
vicinal n°3, du presbytère au ruisseau de Goprez, prend
le nom de Rue du Commerce.
Au
XXème siècle, des demeures plus cossues (maisons Pérignon,
Grelet, Martinand et Bosment, n°41 à 53) complètent
la partie gauche de la rue. Cependant, les constructions progressent
peu et tardent à franchir le ruisseau Goprez. En fait, les
maîtres de forges sont propriétaires de la quasi-totalité
des terrains situés de part et d'autre de la route sur laquelle
débouchent les rues qui dévalent la colline de Génibois.
Il faut rejoindre Franchepré pour trouver à nouveau
quelques magasins dans cette rue du Commerce, finalement assez peu
achalandée.