Homécourt dans les annuaires de 1817 à 1906

A travers plusieurs documents, nous allons balayer un siècle de l'histoire de la commune d'Homécourt. Tantôt érudits, tantôt succincts, les documents présentés couvrent la période allant de 1817à 1906. Cet inventaire débute par la mention figurant dans le "Dictionnaire du département de la Moselle" (tome 2) de M. de VIVILLE, publié à Metz en 1817.

Homécourt sous la restauration en 1817

 

 

Homécourt en 1852, le village

Extraites du supplément de 1852 à la "Statistique historique industrielle et commerciale du département de la Moselle" de l'annuaire Verronnais, les pages suivantes plongent très loin dans l'histoire du petit village.


En 1852, l'imprimeur messin actualise les informations données huit années auparavant dans la "Statistique" de 1844. Par rapport à la décennie précédente, la commune enregistre une baisse sensible de la population : de 317 à 286 habitants. L'école a également perdu de nombreux élèves : de 37 garçons et 44 filles en 1844, les effectifs sont tombés respectivement à 23 et 25 enfants. Il faut vraisemblablement chercher l'explication de cette brutale chute démographique dans l'épidémie de choléra qui touche la vallée de l'Orne au cours de l'été 1849.

Frontispice du "Supplément statistique", imprimé par VERRONNAIS en 1844. Dans l'introduction de l'ouvrage, l'éditeur de la rue des Jardins indique qu'il s'est adressé aux maires et aux curés des communes qu'il ne connaissait qu'imparfaitement. Il précise en outre s'être beaucoup inspiré du "Dictionnaire" de M. de VIVILLE, publié à Metz en 1817.

Fac-similé de la page 191 du "Supplément statistique" de 1844. Il est évident qu'il faut relativiser les informations consignées dans de tels annuaires. Ainsi, sans doute au grand dam de ses clients homécourtois, VERRONNAIS avance que le village est une annexe de la paroisse et de la mairie de Joeuf. Pourtant officialisé par l'ordonnance royale du 20 décembre 1842, le "Tableau des communes" (figurant en page 10 de l'ouvrage), "n'ignore pas" qu'Homécourt est redevenue commune indépendante, depuis l'été 1833.

 

Fort heureusement pour les amateurs d'histoire locale, le supplément de 1852 se montre plus loquace à propos du petit village d'Homécourt. Comme toujours, il faut détailler attentivement les indications contenues dans ce type de publication. En effet, le document fait apparaître un écart important du nombre d'habitations (80 et 19 granges pour 52 maisons en 1844) : un tel "boum" du bâtiment apparaît improbable ! Par ailleurs, les surfaces boisées se sont également étendues de façon "suspecte" ; ces renseignements méritent d'être vérifiés. Par contre, en ce qui concerne les dates de construction de divers édifices (église, hangar de dessiccation du chanvre, nouvelle poncette), les diverses autres sources consultées permettent d'accréditer les informations de M. VERRONNAIS.

Notice sur Homécourt dans le "Supplément" à l'annuaire Verronnais de 1852.
Sur ce plan datant de 1880, le village-rue d'Homécourt et à l'écart de la Roche (à droite, de l'autre côté de l'Orne) apparaissent peu modifiés par rapport à la description faite, quelques années auparavant, dans l'annuaire de l'imprimeur messin.

 

Après son tour d'horizon géographique et économique, le correspondant de M. VERRONNAIS aborde un chapitre concernant l'historique du village sur l'Orne. Toutefois, il n'approfondit guère les multiples et complexes successions qui, en vertu des pratiques féodales, changent les propriétaires de la seigneurie d'Homécourt.
Par contre, après la présentation des quelques maisons formant le hameau de "La Roche" situé sur la rive gauche de l'Orne, l'auteur évoque assez longuement l'ancien château de Pierrefort. L'histoire de la forteresse recoupe le récit, en partie légendaire, concernant l'illustre Pierre de Bar. L'annuaire confirme également que, déjà au milieu du XIXe siècle, les fouilles archéologiques sont chose courante : les historiens amateurs de ce temps ratissent méthodiquement les bois où était édifiée la forteresse, les berges de la rivière où devait se trouver la basse cour du château et étendent leurs investigations jusqu'à l'emplacement du gué franchissant l'Orne.

Suite et fin de la notice sur Homécourt dans le "Supplément" à l'annuaire Verronnais de 1852.
Vue du rocher ayant donné son toponyme au lieu-dit "La Roche". Le cliché est postérieur de cinq bonnes décennies au texte de VERRONNAIS ; toutefois les bâtiments situés sur la droite ont déjà vraisemblablement plus d'un siècle d'ancienneté. Au début du XXe siècle, la route conduisant vers le gué situé sous le "Saut Pierre de Bar" mène également au puit de mine du "Fond de la Noue", foncé à partir de 1894-1895.

 

Homécourt à la fin du XIXe siècle, la mutation


Pendant la décennie quatre-vingt-dix, les habitants du village d'Homécourt ne doivent pas manquer de ressentir les prémices des grands bouleversements qui s'annoncent. Tandis que le rythme des sondages miniers s'accélère et que "Vezin-Aulnoye" s'active pour foncer le puits du Fond de la Noue, le village enregistre une seconde hausse démographique significative : 573 habitants en 1896 contre 480, cinq années plus tôt. (1)
Aussi, nous ne devons pas être surpris par la modeste place occupée par la commune dans les annuaires nationaux comme le Bottin-Didot.
Pourtant, en dédoublant l'espace urbain bâti, la création de la station de chemin de fer (signalée sur le document ci-dessous) a déjà fait bouger bien des choses. A proximité de la gare, des logements pour les employés de la "Cie de L'Est", quelques hôtels, des auberges et des commerces sont sortis de terre, en bordure de la Départementale 11. Entraînant en outre la construction de cités dans les parages, le démarrage - sur le plateau voisin du "Haut des Tappes" - du chantier de l'usine va définitivement sceller le destin du quartier de la gare.

Fac-similé du Bottin Didot, année 1896.

Vue de la nouvelle gare d'Homécourt qui, vers 1901-1902, remplace le premier bâtiment édifié en 1883 et situé à quelque distance de là.

(1) Le premier changement résulte de l'édification de la gare, mise en service en 1883. Pourtant, l'accroissement des cinq premières années de la décennie n'est rien, au regard de la ruée qui portera le nombre d'habitants à 3145, en 1901.

Homécourt en 1906, l'explosion industrielle et urbaine


Cet article s'achève par un dernier document, attestant de la brutale métamorphose de la commune en l'espace d'une décennie. Passée à plus de 3000 âmes en 1901, Homécourt totalise 4750 habitants en 1906. Evidemment, les conséquences sur l'habitat, l'hygiène, les mœurs et la vie quotidienne sont incommensurables. En tout cas, édité en 1906 par l'imprimeur nancéien Crépin-Leblond, l' "Annuaire de Lorraine" montre que le commerce et l'artisanat ont bien "décollé" à Homécourt et qu'ils connaissent un essor prometteur.

Fac-similé de l'annuaire Crépin-Leblond de 1906. Le nombre d'habitants correspond au recensement de 1901 ; certains renseignements datent également de 2 ou 3 années. On peut relever le nom des édiles municipaux et des principaux commerçants. Le document ne signale aucune maison reliée au téléphone et, si l'extraction de minerai de fer est évoquée, les activités sidérurgiques de la "Cie des Forges de la Marine et d'Homécourt" sont également passées sous silence. La société musicale se nomme "La Philharmonique" ; elle est dirigée par l'aubergiste Théophile SCHEWEICHLEIN. Par ailleurs, la société de tir "La Sentinelle" n'a pas encore transporté son siège dans la commune voisine de Joeuf.

Au sein du tissu commercial homécourtois, comme c'est souvent le cas dans les cités industrielles, les cafés et auberges sont particulièrement nombreux. Nous présentons ci-dessous deux établissements exerçant ce négoce, à l'époque de la publication de l'annuaire Crépin-Leblond.

Très joli cliché que l'on doit au photographe jovicien CHARROY ; il montre le pont enjambant la voie ferrée. Au premier plan, à droite, le café MUNIER surplombe le village d'Homécourt que l'on aperçoit dans le fond.

Au bas de la côte de l'usine, le bien nommé "Café de l'Industrie". Au début du siècle, il est tenu par la famille LEROY qui, sur la vitrine de droite, précise : "On parle l'Allemand". A l'étage, une insciption signale l'existence d'une "Salle de billard". Deux immeubles plus loin, se trouve "Le Bazar des familles" de M. PERRARD ; celui-ci est également éditeur de cartes postales et entrepreneur ; il a -entre autres - édifié plusieurs maisons situées dans la rue Jeanne d'Arc, visible à gauche de ce cliché.

 

[Retour]

® C.P.H.J. - Mars 2011